A bras nos corps
A propos

 

Tu as vécu une épisiotomie, ton hosto te l’a imposée
Tu es une femme sans vagin, ton identité de genre est niée
Tu portes le voile, ton médecin te refuse la consultation
Tu souffres d’ostéoporose, ta douleur n’est pas considérée
Tu es menstruée, ton mec est dégoûté
Tu veux interrompre ta grossesse, ton choix n’est toujours pas pleinement gratuit, accessible, légal.
Tu ne veux pas d’enfant, ton gynéco pense mieux savoir que toi
Tu fais une dépression post-partum, tes émotions sont invalidées
Tu es grosse, ton médecin ne voit que ton poids

 

« A bras nos corps » est un collectif qui lutte contre le patriarcat dans le domaine de la santé. Il est temps de se réapproprier les savoirs médicaux, de gagner en autonomie et de reprendre le contrôle de nos corps et de notre santé dans une perspective féministe. Le système de santé est un élément stratégique de l’oppression des femmes¹, d’autant plus dans les sociétés capitalistes, patriarcales et racistes. A travers de nombreux témoignages, la parole des femmes se libère face aux diverses violences médicales. Il ne s’agit pas d’expériences isolées mais partagées que nous devons collectiviser en vue de notre émancipation ! Nous voulons choisir, et nous voulons que nos choix soient entendus et respectés !

Les femmes sont les premières touchées par la pauvreté et la précarité. Bénéficier de ressources et de l’accès à des soins de santé gratuits et de qualité, en adéquation avec nos conditions de vie, est un enjeu de classe! Maggie de Block a refusé les propositions de loi visant la distribution de la pilule du lendemain dans les planning familiaux. Cette pilule est délivrée – certes illégalement mais – en pratique sans prescription et gratuitement depuis 1967. Il s’agit d’une atteinte à l’ensemble des femmes, à commencer par les femmes les plus précaires, pour qui la gratuité, l’anonymat et l’accueil constituent un préalable pour disposer de leur corps. Cette même ministre a lancé des projets pilotes pour une réduction de la durée en maternité, à 48h après l’accouchement, pour les femmes ayant privilégié un séjour hospitalier. Quand ce renvoi précoce n’est pas un choix, les conséquences peuvent être graves tant pour la mère que pour l’enfant (risque de ré-hospitalisation, sentiment d’abandon, manque de suivi pour l’allaitement, etc.). Les projets de loi visant à donner un statut légal à l’embryon afin d’aider au deuil des parent en cas d’enfant mort-né ou la « reconnaissance prénatale d’un enfant » pour un parent non marié sont des attaques implicites à l’IVG. Les femmes les plus vulnérables seront toujours en première ligne et serviront de cobayes aux mesures d’austérité et de précarisation des services de santé.

Le pouvoir médical a permis notre exclusion du savoir scientifique et notre dépossession et aliénation face aux protocoles et aux gestes médicaux. Il renforce les normativités corporelles et sexuelles mais aussi la marginalisation et la culpabilisation. Les exemples de violences médicales faites aux femmes sont nombreux : au nom du progrès, le pouvoir médical a justifié l’expérimentation sur les femmes noires capables d’endurer toujours plus les souffrances selon l’imaginaire colonial, l’enfermement des femmes sous prétexte de l’ « hystérie », la stérilisation forcée des femmes Roms ou celle des femmes falashas par l’Etat d’Israël dans une volonté politique d’eugénisme démographique. Il est primordial que les mouvements féministes poursuivent les luttes inhérentes à la santé et à l’autodétermination, dans une perspective inclusive et radicale, desquelles dépendent notre bien-être, notre vie et (trop souvent) notre survie.

Les maladies professionnelles, cardiovasculaires et cancérologiques, la santé mentale, le consentement, les violences obstétricales et gynécologiques, l’avortement, la contraception, l’éducation sexuelle, les menstruations, les discriminations racistes, coloniales et islamophobes, l’hétéronormativité, la transphobie, la grossophobie, l’excision, les mutilations génitales des personnes intersexe, le féminicide, la prévention, la formation et la bienveillance des praticiens-nes, la maternité, les représentations autour de la vulve et du clitoris sont autant de thèmes non exhaustifs qui traverseront cette campagne !

Nos corps nous appartiennent !
Nos choix sont valides !
Nos corps sont politiques !
A bras nos corps !

 

1. Le genre – et, par conséquent, les inégalités et les privilèges – est construit socialement sur base des différences biologiques. Nous parlons des femmes car elles forment une classe sociale en raison de leurs expériences concrètes mais variées du sexisme. Cette campagne s’inscrit dans une perspective la plus inclusive possible et reconnaît que les femmes ont toutes sortes de corps et qu’elles ne sont pas les seules à disposer de l’appareil génital féminin.